Les Vikings sur les routes du sud de la France
L'histoire d'un transport hors du commun
Il y a des défis logistiques qui marquent. Le transport du drakkar Orkan de Toulouse à Port-la-Nouvelle, restera gravé par la beauté du Bateau, ses dimensions et surtout l’aspect humain qu’il y a derrière ce projet.
Un géant des mers de 28 mètres, prend la route
Aux Cales de Radoub de Toulouse, Orkan attend son heure. Ce drakkar de 28 mètres et 20 tonnes, construit pendant trois ans par plus de 250 bénévoles de l'association ORKAN, deviendra sans nul doute le navire viking le plus rapide du monde. Après son inauguration fin octobre 2025, il a rejoint par le Canal du Midi, le port de Ramonville. Une fois à terre, cap sur Sète pour plusieurs mois d'essais en mer, puis direction La Rochelle avant la grande aventure : une traversée transatlantique en suivant la route millénaire des Vikings jusqu'à New York.
Mais avant de conquérir l'Atlantique, il fallait traverser le Languedoc. Notre mission : transporter ce géant sur des routes jamais conçues pour lui.
Un bijou des mers qui a nécessité une préparation d'orfèvre
Pendant des semaines, Juan, notre commercial chez Capelle Yachting, accompagné par le service autorisations, a orchestré l'opération. Ils ont parcouru chaque kilomètre du trajet. Plusieurs dizaines de points critiques identifiés, mesurés au centimètre près.
Le port, les DDTM, les mairies : des dizaines de réunions pour obtenir les autorisations. Sur le terrain, tout devait être parfait. À Ramonville, une butte a été arrasée, des panneaux déposés, des interdictions de stationner posées. « Ce que les gens ne voient pas, c'est cette préparation colossale, » confie Juan, chargé du projet. « Des mois de travail pour quelques heures de convoi. »
24 heures avant : tout bascule
Alors que tout semblait sous contrôle, une nouvelle, fait bondir l'équipe : le président de la République vient à Ramonville dans 24 heures. TF1 débarque pour couvrir le transport, et un concert est prévu à quelques mètres du point de départ.
« Quand j'ai appris ça, j'ai cru à une blague, » se souvient Juan. « Le président, un concert, et nous qui devons sortir un drakkar de 28 mètres. C'était surréaliste. »
Pas de panique. On se retrousse les manches, on discute, on établit des plans, on joue des coudes avec le planning, bref on fait ce qu’on sait faire, on trouve des solutions !
Le jour J : virtuosité et sang-froid
Au petit matin, Juan et Stéphane sont déjà sur place pour préparer la remorque, briefer le grutier et voir les consignes avec le port. Le chargement débute à 14H30 avec une grue mobile locale affrétée par le client. Le chargement complexe, s’effectue en quelques heures, le client ayant plusieurs fois du demander de lever le bateau pour réajuster la hauteur des bers, qu’il avait fabriqué, afin de gagner plusieurs centimètres de hauteurs, cruciaux pour les passages complexes.
21h30 la dernière moto arrive, Emmanuel MACRON est parti, les voies sont dégagées. Stéphane aux commandes, Vincent et Jérôme dans leurs véhicules pilotes, deux motards MGA affrétés par EPC. Le convoi s'ébranle. Quelques mètres, et déjà le premier obstacle : un virage avec un poteau dans un rayon impitoyable.
« Tu as dix centimètres avec le poteau, » annonce Jérôme. Le camion avance centimètre par centimètre. Passage réussi en quelques minutes.
Quelques centaines de mètres plus loin, nouveau défi : un rond-point en contre-sens, un panneau serré. Vincent active les essieux directionnels pour décaler latéralement le convoi. Le panneau passe, frôlé mais intact.
Le pouce en l’air Stéphane est ravi « on commence bien !» lance Stéphane. « C'est le travail d'équipe qui fait la différence. Les repérages, ça paye. »
À Castanet-Tolosan, les décorations de Noël sont déjà installées. À 5,4 mètres de hauteur, impossible de passer. Jérôme sort la perche télescopique et relève chaque guirlande avec précision.
Cap sur la Méditerranée
Kilomètre après kilomètre, le convoi progresse avec fluidité. « Des mois de préparation, et le jour J, tout s'enchaîne comme une chorégraphie parfaitement réglée, » constate Juan. En fin de nuit, arrivée à Lesignan. Bilan : zéro incident, zéro dégât, zéro retard.
Le lendemain, Port-la-Nouvelle. Quand le drakkar touche l'eau, l'équipe savoure sa réussite.
Orkan peut désormais continuer sa grande aventure vers New York. Nos équipes, elles, avaient écrit une page d'histoire : celle du jour où un drakkar viking a traversé le sud de la France, porté par l'excellence et la passion.